Avec retard, je replace sur le forum mon récit, mis en commentaire de news au départ :
Bon, je me lance... Embrun était mon 2nd triathlon distance Ironman, après le Ch'triman l'année dernière. C'est un triathlon qui me faisait rêver, pour le mythe qu'il représente et la beauté époustouflante de ses paysages. Mais c'est aussi une épreuve qui fait peur, quand on vient du plat pays ! La crainte d'un départ natation la nuit d'abord... En fait, l'ambiance au départ natation est si extraordinaire, avec les nombreux spectateurs, que l'on se sent porté. Ce qui ne m'a pas empêchée, avec un petit groupe de féminines (les filles partent 10 mn avant), de me perdre un peu au 1er tour. La 3ème bouée avait tourné et l'on ne voyait pas le gros point rouge censé nous guider ! Pas de panique cependant, on a juste fait un peu de rab
). Sinon, l'eau était d'une température très agréable, et le fait de partir 10 mn avant nous a évité la bousculade et permis de nager très confortablement. Sortie de l'eau en 1h11, j'avais prévu 1h15 environ. Jusqu'ici tout va bien ! Commence alors le vélo, dont j'avais reconnu le parcours avec Thierry, mon compagnon, durant les semaines précédentes. Dès la sortie du parc, on entame une ascension d'environ 6 km en continu, entre 6 et 9 % de pente, en direction des Méans. Viens ensuite un replat puis une montée moins pentue et plus irrégulière jusqu'au 13è km. Arrivée aux Méans, la vue sur le lac de Serre-Ponçon est magnifique... quand le temps est clair, ce qui n'est pas le cas ce 15 août ! La météo est fraîche et brumeuse, ce qui donne un autre charme au paysage. On attaque ensuite la descente vers Savines et son magnifique pont qui permet de traverser le lac. Jusque-là je suis dans mes temps. On entame ensuite une montée vers St-André d'Embrun, sur la route en balcon qui longe la nationale, avant de redescendre sur la nationale jusque Guillestre. Au rond-point en bas de Guillestre, j'ai 5 mn d'avance sur mon tableau de marche. Il faut dire que les délais étaient pour moi une obsession. Car les délais vélo peuvent sembler larges pour les bons cyclistes ou ceux qui ne connaissent pas le parcours, mais pour moi et d'autres ce n'est pas si simple ! Et un an de préparation pour être finalement mise hors délai, ça ferait mal ! Heureusement tout va bien de ce côté-là. On remonte ensuite les gorges du Guil avant d'attaquer la montée au Col de l'Izoard, plat de résistance de cette "longue journée de sport" comme dirait un copain triathlète... Ce sera pour moi le moment le plus difficile. Je termine l'ascension très fatiquée, mais sans avoir mis pied à terre, avec environ 5 mn de "retard" sur mes prévisions (arrivée vers 12h10-12h15 là-haut, la barrière horaire étant 13h10). J’entame ensuite la descente vers Briançon, assez raide et technique au début avec ses virages serrés en épingle, et plus roulante vers la fin. Après Briançon, on prend brusquement un fort vent de face qui me mine un peu le moral… Heureusement, en remontant sur la route en balcon, on est un peu plus protégés du vent. Au fur et à mesure qu’on s’approche de la difficulté suivante, je retrouve un « second souffle ». J’attaque donc la côte de Pallon plutôt bien requinquée. Pour ceux qui ne connaissent pas, il s’agit d’un raidillon de 1,4 km, en ligne droite, à 10 % de moyenne. Une côte qui fait bien mal aux jambes et qui scotche les triathlètes sur le bitume, après 40 km de descente et de parties plutôt roulantes depuis l’Izoard… Mais tout se passe bien pour moi, je mouline avec mon 30/29 (et oui, je roule en triple, et heureusement pour moi !! Au passage, je double d’ailleurs quelques gars en compact en train de s’arracher les cuisses ), et j’avance à 8,5 / 9 km/h. Une fois cette difficulté passée, reste à redescendre sur la nationale (avec toujours quelques remontées « coup de cul » au passage), puis à remonter sur St-André d’Embrun, et revenir sur Embrun. Et là, on est presque à 180 km, mais on ne va pas au parc à vélo… L’organisateur a eu la bonté (ou le sadisme ?) de nous achever avec la fameuse montée de Chalvet, soit environ 5 km entre 6 et 9 %. L’ascension se passe bien, je regagne même du temps sur mes horaires de passage prévus. La descente, par contre est épouvantable : gravillons, trous, ornières, il faut rester vigilant jusqu’au bout sous peine de chuter juste avant l’arrivée du vélo ! J’arrive au parc à 15h57, après 10h07 de course. Satisfaite, je prends le temps de me changer entièrement pour la course à pied (ah, le bonheur de mettre des vêtements propres et secs !) et de passer au pipi-room avant d’attaquer le marathon à 16h07. C’est parti pour la dernière épreuve du jour, et non des moindres. En effet, si le vélo présente un fort dénivelé (environ 3 800m selon le compteur de Thierry), le marathon est loin d’être plat ! Des faux-plats, des petits coups de cul, et deux vraies côtes (avant la montée en centre-ville et vers Baratier) à chaque tour… Au 1er semi, je pars sur un rythme de 10 km/h environ. Je m’arrête brièvement à chaque ravito, malgré des douleurs à l’estomac qui se renforcent à chaque gorgée bue ou chaque aliment avalé. Mieux vaut des brûlures d’estomac que la panne sèche, qui serait irrémédiable ! Au bout de 2h, j’ai parcouru 19 km tout juste, tout va bien. Le second tour sera plus compliqué. Après 25 km les jambes deviennent plus lourdes et il devient difficile de courir (enfin trottiner…) dans les côtes. D’autant que les brûlures d’estomac sont de plus en plus fortes. Pour couronner le tout, nous aurons droit lors de ce second semi – pour ceux qui ne sont pas encore arrivés ! – à 2 gros orages qui vont nous tremper jusqu’aux os et faire chuter nettement la température. Pas le choix, il faut courir malgré les douleurs pour ne pas être congelés ! Je termine finalement en 15h06, très heureuse d’être « finisher » et d’avoir réussi à passer sous les 15h30, ce qui était mon objectif. Embrun est une épreuve magnifique, qu’il faut préparer sérieusement mais qui n’est pas insurmontable, même pour les triathlètes lambda de ch’Nord. Alors pour ceux qui hésitent encore, lancez-vous dans l’aventure, vous ne le regretterez pas !